Les jetons de trictrac, une branche de la tabletterie ?

Jetons de trictrac romans

Vous trouverez en cliquant sur le lien ci-dessus un article sur les jetons de trictrac, dont la période de prédilection se situe entre le Xème et le XIIème siècle. Le jeu du trictrac qui alliait hasard et tactique était réservé à l’élite de la société médiévale (aristocrates et militaires).

L’article consacre un long paragraphe aux matériaux utilisés pour les jetons de trictrac, qui était le plus souvent du bois de cerf.

Le bois de cerf est en effet une matière dure animale relativement facile à travailler plus prestigieuse que l’os et donc plus appréciée par les joueurs nobles qui les manipulaient.

jetons retrouvés en fouilles à Boves (Somme, France)

Pour la création de cet article, l’auteur s’est appuyé sur les collections de deux musées : le musée du Donjon de Niort et le musée Sainte-Croix de Poitiers. Leur collections proviennent essentiellement de sites vendéens et viennois.

D’une manière générale sans détailler par site, on peut remarquer sur des jetons un point central qui correspond à la marque du compas qui servit à tracer la forme du jeton.

Diamètres allant de 4,2 à 5,8 centimètres

Motifs (gravés) : motifs animaliers (oie, cervidé, griffon= motifs géométriques (dents, perles)).

Sur certains exemplaires, on peut constater une perforation centrale lorsque le jeton était réutilisé comme fusaïole.

On constate aussi parfois une coloration en vert du jeton, que l’auteur suppose volontaire, afin de distinguer les jetons de chaque joueur.

Cette article provient d’un dossier en ligne publié par le CMPC (Conseil des Musées de Poitou-Charentes), ce qui en fait une source assez sure.

Malheureusement les deux musées où se trouve la collection sur laquelle se base l’auteur pour écrire son article n’apportent pas d’informations supplémentaires.

Il est aussi regrettable de ne pas disposer des images de ces objets.

L.R.

Page Oxford Art Online sur le travail de l’ivoire à l’époque romane

Pour les anglophones, Grove Art Online est une base de données relativement complète et qui plus est, fiable. Un très grand nombre d’articles y développent des sujets relatifs aux arts plastiques. Les arts de la tabletterie sont inclus et présentés dans des problématiques plus larges. L’article ici analysé concerne le travail de l’ivoire pendant la période romane (XIème-XIIIème siècle de notre ère). Évoquant un des matériaux les plus usités dans l’art des tabletiers, il est riche en informations dans certains domaines mais reste lacunaires dans d’autres.

L’auteur a choisi de nous donner un aperçu de son sujet en le catégorisant par aires géographiques (Région de la Meuse et du Rhin, France, Angleterre, Italie et Espagne). Choix judicieux qui permet de percevoir clairement les principales régions de production des ivoiriers ainsi que les villes les plus actives de celles-ci. Ces régions sont découpées selon les critères stylistiques et iconographiques qui leur sont propres tout en mettant en évidence les similitudes qu’elles partagent. Les caractéristiques régionales sont présentées à travers de nombreux exemples dont quelques uns sont couplés d’illustrations incorporées au corps du texte et tous sont suivis de la référence du pays et du musée dans lequel les pièces sont exposées. On peut donc facilement effectuer une recherche plus approfondie pour trouver les images manquantes. Une rapide description des objets est réalisée, laissant néanmoins une place plus importante à l’analyse esthétique que technique. Enfin un certain désir de contextualisation historique est perceptible mais il reste bref.

C’est un bon article à consulter pour une approche d’histoire de l’art qui permet une vision d’ensemble de la question avant l’entreprise d’une recherche plus approfondie. On pourrait lui reprocher de ne pas s’attarder sur les questions techniques, historiques ou archéologiques qui manquent par conséquent de précision mais l’objectif de l’auteur est comme nous l’avons dit de fournir des bases dans le cadre d’un travail préliminaire. Le texte est en effet complété d’une bibliographie par zones géographiques assez conséquente ainsi que de liens vers d’autres articles sur des points particuliers. Il faut enfin noter que le site Grove Art Online (www.oxfordartonline.com) est payant limitant ainsi son intérêt pour ceux qui ne peuvent avoir accès à toutes ces ressources.

A.D.

Fouille de la Rue de Grèce à Noyon

Dans les sources liées à la tabletterie médiévale, le site de la Ville de Noyon (60) nous livre quelques informations qui attestent l’existence d’un artisanat de tabletterie dans cette région de la France.

Au cours d’une fouille préventive dans la Rue de Grèce en 1990, différentes couches stratigraphiques ont pu être mis au jour dont les vestiges sont restés intactes grâce à l’existence de l’abbaye de St Barthélémy qui les a protégé. Ce rapport de fouille nous informe tout d’abord sur les différentes données importantes pour chaque période trouvée dans les couches stratigraphiques : l’époque Gallo-romaine, le Moyen-Age, l’époque moderne (16eme siècle – 17eme siècle) et enfin l’époque contemporaine (18eme siècle jusqu’à nos jours) et en second lieu, il nous fait part des résultats de ces mêmes périodes en les illustrant.

En se focalisant sur les données fournies sur la période médiévale, l’auteur nous fait remarquer qu’un artisanat de tabletterie était surement présent, en effet, un dépotoir datant du Moyen-Age a été retrouvée sous forme d’une fosse circulaire. Dans celui-ci, 2 fragments de tabletterie ont été retrouvés, certes une quantité réduite mais qui atteste tout de même cet artisanat. De plus, ces fragments attestent le travail de l’os et peut-être une activité d’apprentissage. Cet artisanat était donc important pour la ville de Noyon à cette époque. L’article conclut sur l’importance de cette fouille pour cerner l’occupation de la ville dès la période médiévale et la présence d’installations artisanales jusqu’à la première guerre mondiale.

Certes il nous contente sur la présence d’artisanat de tabletterie en France, mais il ne nous informe pas sur les sources et les organismes liés à la fouille. C’est en fouillant sur le site de la ville, que nous avons pu trouvé une information importante pour répondre à cette question. En effet dans cet onglet du site, nous apprenons que la ville de Noyon a mis en place un service archéologique, la SAVN (Service Archéologique de la Ville de Noyon) crée en 1985. Ce service « est apparu comme un avantage car celui-ci peut intervenir rapidement sur des opérations préventives sans avoir recours à un opérateur étranger (AFAN puis INRAP)« . Il confirme l’importance des fouilles archéologiques à Noyon et leur quantité impressionnante. Un onglet « nous écrire » permet au public de communiquer directement avec le service archéologique, il est donc mis en totale confiance face à ce site qui délivre des informations qui peuvent être vérifiées.


Ce rapport de fouille est donc une source sérieuse pour illustrer un argument sur la tabletterie médiévale.

J.D.

Les Ambiani, une source ?

Au cours des recherches sur ce sujet qu’est la Tabletterie Médiévale, j’ai pu trouvé ce site « Les AMBIANI : L’artisanat : La Tabletterie » , certes restreint, mais qui apporte tout de même des informations sur  le travail de l’os dans la tabletterie.

En effet, ce site nous présente avec différentes photos d’expérimentation, le travail de l’os jusqu’à l’obtention d’un objet de tabletterie.  Il nous apporte, en outre, des informations sur ce sujet permettant de mieux concevoir son évolution du Paléolithique à l’époque Gallo-romaine et son utilité dans ces sociétés.

De plus, on peut remarquer que les photos montrent des personnes habillées comme au Moyen-Age, ce détail m’ayant intrigué, j’ai donc cherché qui était ces « Ambiani ». Il s’est avéré que ce nom appartenait à une troupe de reconstitution archéologique représentant les personnages de l’époque gauloise. C’est donc à l’aide de l’expérimentation des découvertes les plus récentes en archéologie gallo-romaine, que les Ambiani témoignent de l’artisanat de cette époque.

Le site présenté n’est peut-être pas un site dit « officiel », on peut donc s’interroger sur la valeur de ses sources, qui semblent être bien documentées. En effet, la page de présentation de la Troupe nous informe sur son lien avec le Ministère de l’Education Nationale, de plus elle est formée de, je cite,  » d’archéologues professionnels, d’amateurs d’Histoire et de gens du spectacle  » et elle se fonde sur «  sur les découvertes les plus récentes, et tentent, autant que possible, de se concentrer sur la culture matérielle du peuple de la région d’Amiens d’où l’association tire son nom« . Mais même avec ces indications, il ne communique pas au public des noms précis tels que des noms d’archéologues qui pourraient donner des indices de documentation pour le public.


Ainsi voila un site qui peut nous aider dans nos recherches comme exemple d’expérimentation du travail de l’os grâce aux photos et qui peut être exploité comme une base pour les recherches grâce à son texte sur la Tabletterie (malgré le fait que cela ne correspond pas à la période étudiée), mais qui ne peut pas être appelé « source sûre » par son manque de bibliographie et de communication au public. C’est donc un site à « prendre avec des pincettes ».

J.D.

Du paléolithique au Moyen Âge, d’où vient la tabletterie ?…

Parfois pris au hasard, parfois choisis soigneusement, les supports de l’art permettent aux hommes de retranscrire leurs perceptions du monde et leurs imaginaires. À l’ère du numérique, nous possédons toujours un patrimoine culturel énorme de ces représentations sur des matériaux divers et variés. Parmi les plus anciens sont les matières dures animales (1) récupérées sur les carcasses des proies chassées que les préhistoriques ont travaillées. Était-ce au départ pour passer le temps, s’équiper en outils ou déjà pour assouvir un désir d’expression « artistique »? Nous ne le saurons probablement jamais, mais l’os et l’ivoire devenaient alors des matériaux privilégiés pour l’art et l’outillage.

Tout au long du paléolithique supérieur (200 000 BP(2) – 10 000 BP), les hommes façonnent les matières dures animales. Il semblerait que la première utilisation ait été la confection d’outils. Cependant l’apparition conventionnelle de l’art vers 40 000 BP s’inscrit dans un processus long, ainsi peut-être y avait-il déjà plus qu’une simple recherche fonctionnelle dans l’élaboration des premières pointes en os. Toujours est-il que pendant les périodes suivantes l’os et l’ivoire, parfois privilégiés dans l’art (comme en Grèce antique ou à l’époque romaine), d’autres fois mis à l’écart au profit d’autres matériaux (notamment après la division de l’empire romain), ne sont jamais oubliés. De la même façon leur pérennité dans l’outillage est incontestable, de la pointe de sagaie paléolithique au manche de couteau actuel. Cette longévité est sûrement due aux caractéristiques physiques qu’ils présentent. Plus faciles à taillés que la pierre et plus pérennes que le bois végétal, ils forment des supports de choix.

Les hommes les ont ainsi travaillés pour créer outils, sculptures en ronde bosses, haut et bas reliefs, ex voto et autres objets religieux, jouets ou accessoires de luxe… Et ce dans toutes les régions du monde. Du Japon au Groenland en passant par la Chine, l’Inde et l’Afrique, c’est cependant en Europe que l’ivoire et l’os sont les plus recherchés, notamment dans l’art et l’artisanat. Ainsi apparait dans le Livre des métiers d’E. Boileau au XIIIème siècle de notre ère la première mention d’ « artisans tabletiers » (CHANDEVAU F. – 2002)(3). « Ceus qui font des tables a escrire » pour l’auteur du Moyen Âge rentrerons ensuite dans une catégorie archéologique plus vaste englobant de nombreux aspects du travail des matières dures animales. Nous nous efforcerons de présenter dans ce site la tabletterie pour la période médiévale.

A.D.

(1) Os, ivoire, bois de cervidés, cornes et nacre.

(2)Before Present, soit conventionnellement pour les datations avant 1950.

(3) CHANDEVAU F, « La motte castrale de Boves (Somme). Tabletterie et petits artefacts (Xe-XVIe siècles) » in Revue archéologique de Picardie, 2002, pp.25-71.