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Du paléolithique au Moyen Âge, d’où vient la tabletterie ?…

Parfois pris au hasard, parfois choisis soigneusement, les supports de l’art permettent aux hommes de retranscrire leurs perceptions du monde et leurs imaginaires. À l’ère du numérique, nous possédons toujours un patrimoine culturel énorme de ces représentations sur des matériaux divers et variés. Parmi les plus anciens sont les matières dures animales (1) récupérées sur les carcasses des proies chassées que les préhistoriques ont travaillées. Était-ce au départ pour passer le temps, s’équiper en outils ou déjà pour assouvir un désir d’expression « artistique »? Nous ne le saurons probablement jamais, mais l’os et l’ivoire devenaient alors des matériaux privilégiés pour l’art et l’outillage.

Tout au long du paléolithique supérieur (200 000 BP(2) – 10 000 BP), les hommes façonnent les matières dures animales. Il semblerait que la première utilisation ait été la confection d’outils. Cependant l’apparition conventionnelle de l’art vers 40 000 BP s’inscrit dans un processus long, ainsi peut-être y avait-il déjà plus qu’une simple recherche fonctionnelle dans l’élaboration des premières pointes en os. Toujours est-il que pendant les périodes suivantes l’os et l’ivoire, parfois privilégiés dans l’art (comme en Grèce antique ou à l’époque romaine), d’autres fois mis à l’écart au profit d’autres matériaux (notamment après la division de l’empire romain), ne sont jamais oubliés. De la même façon leur pérennité dans l’outillage est incontestable, de la pointe de sagaie paléolithique au manche de couteau actuel. Cette longévité est sûrement due aux caractéristiques physiques qu’ils présentent. Plus faciles à taillés que la pierre et plus pérennes que le bois végétal, ils forment des supports de choix.

Les hommes les ont ainsi travaillés pour créer outils, sculptures en ronde bosses, haut et bas reliefs, ex voto et autres objets religieux, jouets ou accessoires de luxe… Et ce dans toutes les régions du monde. Du Japon au Groenland en passant par la Chine, l’Inde et l’Afrique, c’est cependant en Europe que l’ivoire et l’os sont les plus recherchés, notamment dans l’art et l’artisanat. Ainsi apparait dans le Livre des métiers d’E. Boileau au XIIIème siècle de notre ère la première mention d’ « artisans tabletiers » (CHANDEVAU F. – 2002)(3). « Ceus qui font des tables a escrire » pour l’auteur du Moyen Âge rentrerons ensuite dans une catégorie archéologique plus vaste englobant de nombreux aspects du travail des matières dures animales. Nous nous efforcerons de présenter dans ce site la tabletterie pour la période médiévale.

A.D.

(1) Os, ivoire, bois de cervidés, cornes et nacre.

(2)Before Present, soit conventionnellement pour les datations avant 1950.

(3) CHANDEVAU F, « La motte castrale de Boves (Somme). Tabletterie et petits artefacts (Xe-XVIe siècles) » in Revue archéologique de Picardie, 2002, pp.25-71.